la voyageuse du temps
Hier j'avais rendez vous avec la spé du cerveau -avec la voyageuse du temps. Ça me plait bien tiens : "la voyageuse du temps" plus sympa que psy qui me fait penser au spé pour foldingue. Ça faisait presque un an qu je n'y avais plus mis les pieds. Si pour certains remonter dans son passé peut sembler cool, moi je ne trouve pas. D'abord parce que j'aime pas tant que ça mon passé. J'ai tout fait pour l'oublier, essayer de construire ma vie. Ensuite faire remonter à la surface des sentiments, les faire revivre c'est toujours un véritable supplice. Avoir gardé ses larmes pendant son enfance, son adolescence et les refaire sortir des années après et bien ses sentiments là ressortent amplifiés, et certains sont extrêmement douloureux. La douleur je connais, je suis une grande fille, doublée de garçon manqué. Mais ces douleurs là sont des blessures infligées à l'âme. Au plus profond de moi. J'ai toujours beaucoup de mal à les ressortir. Invariablement je ressors de ses séances un peu plus meurtrie dans mon moi interne. Alors j'avais arrêté d'y aller. Seulement mon état ne s'est pas amélioré, et la dépression s'est aggravée au point de ne plus pouvoir faire quoique ce soit sans être effondrée. Evidemment j'en avais pas eu conscience et la voyageuse a essayé de me comprendre, ou plutôt de me faire comprendre, voire les deux. Moi je me dis que même si j'avais continué avec elle, ça n'aurait rien empêché. S serait sortie avec sa nouvelle pouf , et il m'aurait largué tout aussi bien. Je lui dis: normal que vous me dites ça, vous pouvez pas me dire autre chose, il faut bien que vous gardez votre cliente. Et plus je suis mal plus vous justifiez que je dois venir pour mon bien. Elle me regarde dans les yeux et me dit: évidemment je n'aurai pu éviter que votre mari vous trompe et vous quitte, mais, si on en avait parlé, ça se serait fait moins douloureusement, et je suis persuadée que vous n'auriez été tentée de mettre fin à vos jours. Croyez-moi Noémie, vous ne pouvez pas vous en sortir seule et sans aide. Et moi dépitée: parce que vous croyez vraiment que ça me fait du bien de souffrir ici? Vous croyez qu'en ayant mal comme ça je peux m'en sortir plus facilement? Et elle tranquille: Pour combattre efficacement le mal, il faut en prendre conscience, et vous ne pouvez y arriver seule. Maintenant, je ne vous enferme pas dans mon cabinet, et vous pouvez consulter ailleurs, mais de grâce vous avez besoin d'aide, et maintenant plus que jamais.
Bien sur c'est facile tout ça. Quand je regarde derrière, j'ai l'impression d'avoir vécu mille ans. Mais je n'ai que 26 ans, quoi merde, 26 ans et plus de père, une mère quasi inexistante, un frère débordé de boulots, mariée sans enfant et bientôt divorcée.
Pourquoi j'ai pas eu d'enfant? Pourquoi m'a-t'on refusée au moins ce bonheur d'être réellement femme.